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L’art du bain à la japonaise

Dans les nombreux critères formant l’identité japonaise, il y a un point qui est souvent délaissé dire qu’il est loin d’être méconnu : ce rapport méticuleux avec la propreté et l’hygiène*. Il existe plusieurs éléments contribuant à cette réputation particulière comme la qualité de l’eau. Parlant de cette dernière, il s’agit d’un grand point commun avec la Suisse. Effectivement, les pays dont il est possible de boire sereinement du robinet sont minoritaires, mais le territoire helvète et celui du soleil levant en font partie. Il serait aussi intéressant de soulever la différence concernant la dureté des eaux avec l’eau nippone réputée plus douce. Cependant, une autre distinction plus embarrassante peut être mentionnée avec le taux de traitement chimique que subissent les canalisations japonaises. Cela notamment dans les grandes villes comme Tokyo.

*Alors je souligne que tout n’est pas d’une propreté irréprochable au Japon. Par exemple, les objets ou les zones prévus pour se débarrasser de nos détritus pourraient bénéficier d’un bon coup de Karcher. Cependant, la moyenne reste très bonne pour un pays connu pour sa densité élevée.

Pour revenir à une époque où le Japon ne connaissait pas encore ses mégapoles, cette richesse aquatique contribua énormément à une multitude de facettes de la culture japonaise. Dans l’univers du kimono par exemple, les rouleaux de tissus étaient plongés dans les rivières d’une clarté hors-normes pour rincer l’excédent de teinture. Pratique qui a cessé aujourd’hui pour des raisons écologiques, mais ce rituel du nom de « Yuzen Nagashi » subsiste encore dans la ville de Kyoto durant les festivals.

Un autre domaine mettant tout le monde d’accord est aussi la notoriété de la cuisine japonaise et sa particularité à mettre en avant des ingrédients crus. À nouveau, l’eau joue un rôle important car celle-ci permettait un lavage assidu des mains et des aliments. Cette motivation à rendre les choses le plus propre possible est probablement motivé par la spiritualité shintoïste qui considère la saleté comme un facteur d’impureté nous éloignant du divin. Raison pour laquelle les sanctuaires sont équipés d’une fontaine à l’entrée où il faut se laver les mains et les lèvres. D’ailleurs, si vous passez par le grand sanctuaire de Isé, chef-lieu de cette religion aborigène, vous y verrez des employés appliqués entrain de se débarrasser du moindre déchet. Cela me semble presque indélicat de conclure ce paragraphe qui commence avec l’alimentation avec le point qui va suivre, mais il serait aussi pertinent de mentionner la propreté des WC japonais qui est souvent un précieux souvenir gardé par de nombreux voyageurs.

Avant de revenir sur le sujet de cet article qui est « le bain à la japonaise », je souhaite prendre un détour avec mon témoignage de ce Japon au printemps 2022. Dire que la Suisse s’est quasiment débarrassée de toutes ses normes sanitaires au 1er avril, il serait trop précipité d’employer le terme « Post-Covid » pour le Japon car nombreux locaux restent sensibles face au virus et pratiquent encore les gestes barrières. Cela m’a paru bien curieux de rester en contact avec des helvètes retournés dans le monde « d’avant », et de partager mon quotidien avec des japonais faisant toujours très attention. Par exemple, le masque est encore porté partout dire qu’il n’est pas le résultat d’une loi imposée par le gouvernement, et ce sont au contraire les établissements privés qui demandent à ceux qui les fréquentent de se munir d’une protection afin que nous puissions y penduler sans inquiétudes.  À propos, vous souvenez-vous comment nous allions au restaurant en Suisse quand ils rouvraient après les semi-confinements ? Nous y portions nos masques étant debouts et les déposions sur la table quand nous étions assis. Actuellement, les règles imposées communautairement au Japon sont très similaires. Par contre, quand j’ai été dans un café peu après mon arrivée et que j’aie déposé mon masque quelque part à côté des services comme je le faisais en Suisse, un serveur est venu me donner une serviette pour le ranger. Cette anecdote rentrera dans la liste des gaffes que j’ai commises au pays, mais cela m’a soudainement paru logique que nos masques pleins de germes n’ont pas leurs places par-dessus un meuble sur lequel nous nous alimentons.

Mais du coup, le corps dans tout ça ? Comment les Japonais en prennent-ils soin ? Sans attendre davantage, voici un thème qui représente l’un des plus grands barrages culturels entre l’occident et l’archipel extrême-oriental ! Parce que face à une baignoire à la japonaise, il y a une procédure toute méticuleuse face à laquelle nombreux peuvent se demander comment y procéder. Et la première question serait très certainement « Pourquoi y’a-t-il une douche en dehors et un trou d’évacuation d’eau au sol ? ». Effectivement, hormis les très petits appartements qui seraient plutôt munis d’une simple douche comme chez nous, ou pas de salle de bain du tout, la majeure partie des ménages sont équipés d’une pièce entièrement consacrée au lavage du corps. Cette dernière est usuellement équipée d’une baignoire avec un robinet par-dessus, mais il y a une deuxième sortie d’eau en dehors. La pensée première de la part d’un étranger serait d’imaginer qu’il s’agit d’un espace pour se doucher et se baigner séparément. Mais non, le tout compose un rituel où les deux sont liés.

Voici les étapes pour se baigner comme un local, ou du moins la manière que j’aime bien faire :

  • Faire couler un bain bien chaud (40-42 degrés).
  • S’accroupir (ou s’asseoir sur une chaise adaptée) face au robinet et douche à l’extérieur de la baignoire.
  • Dans un récipient adapté au bain (furooke), mettez-y de l’eau chaude ou tiède.
  • Versez le contenu sur votre corps. Vous verrez que la chute d’eau plus brutale que celui qui sort du pommeau de douche vous détendra d’un coup.
  • Quand votre corps est humidifié, attrapez vos produits de toilettes comme le savon et le shampooing, et nettoyez votre corps des impuretés et stress accumulés.
  • Rincez le tout et plongez enfin dans la baignoire. Pensez à vous attacher les cheveux s’ils sont longs et notez qu’il n’est pas coutume de mettre sa tête sous l’eau.
  • Là où vous serez ravis, c’est que même si l’eau est plus chaude qu’en Occident, votre épiderme a déjà chauffé en vous lavant au préalable. En conséquence, vous parviendrez à vous immiscer sans que le bain ne semble vous brûler.
  • Détendez-vous. Ou comme disaient mes aînés, comptez jusqu’à 100 avant de sortir et vous rhabiller. Il est transmis de génération en génération que réchauffer son corps jusqu’à la moelle est excellent pour la santé.
  • SURTOUT : Ne pas vider la baignoire si une autre personne compte prendre un bain après vous.

Ce dernier point vous a peut-être rendu tout curieux, mais effectivement, l’eau de la baignoire est partagée avec toute la famille à tour de rôle. Ou encore mieux, on prend notre bain à plusieurs. Quand je fus encore enfant, mes grands-parents, ma mère, ma tante et mon oncle se baignaient avec mes cousins, mon frère et moi. Il semblait y avoir un jeu entre les adultes où le perdant devra sacrifier son moment de détente et vivre un carnage dans la salle de bain avec nous. Pour tout vous dire, quand je mentionne qu’il nous fallait compter jusqu’à 100 avant de sortir, c’était parfois un homme adulte qui fut avec moi et les autres garçons. Cela vous choque un peu ? Eh bien cela est tout à fait normal au Japon où il n’est pas choquant pour un adulte d’être nu avec des enfants dans la baignoire, et cela indépendamment du genre des petits et grands. Très souvent, on commencera à laisser les petits se baigner seuls quand ils commenceront eux-mêmes à vouloir leurs indépendances vers les 5,6 ans.

Afin de comprendre mieux la mentalité des locaux face à la nudité, je vous propose que nous nous rendions aux bains publics (sento) ou aux bains thermaux (onsen). Il y aura des rangées entières de lavabos pour se laver et plusieurs baignoires communes d’une certaine immensité. Alors je ne peux que parler des bains féminins, car malgré toute ma volonté de rédiger un article plus complet, il m’est interdit de m’introduire dans les bains réservés aux mâles.  Sauf cette fois-là, où je me suis trompée d’entrée et que j’aie fait face à des vieillards déshabillés dans toute leur splendeur. Une expérience brève et traumatisante dont vous me pardonnerez de ne pas en avoir pris quelques notes. Bref, auparavant les bains publics étaient souvent mixtes, et disons simplement que je ne suis pas née assez tôt pour découvrir certains traits de la culture lorsqu’ils étaient plus farfelus. Que cela soit dans le passé ou aujourd’hui, les japonais semblent faire une différence entre le « nu » qui rime avec leur intimité, et le « nu » pour se laver.

On a souvent une image vestimentaire plus réservée de la femme japonaise avec des goûts mettant moins en avant les formes en comparaison à la mode occidentale. Cependant, si vous passez la porte finale vous donnant accès aux bains pour les dames, vous les découvrirez soudainement nues et sans complexes arborant leurs buissons. (Les nippones ont tendance à se débarrasser frénétiquement de la pilosité de leurs corps, mais épargnent leurs parties intimes afin de ne pas se donner un air prépubère.)  Pour les personnes originaire d’Europe qui sont habitués aux thermes où le maillot de bain est obligatoire, je comprends tout à fait que ce paysage peut sembler déstabilisant. Mais ce n’est pas tous les jours que nous sommes aux bains japonais alors ne faites surtout pas demi-tour ! Si cela peut vous aider, imaginez moi aussi toute nue à vos côté entrain de vous aider à passer le cap. Oh pardon, cela pourrait être plus angoissant en fait !

Mais laissez-moi me rhabiller et vous motiver malgré tout. Cette relation qu’ont les locaux face à la nudité commune a un nom : 裸の付き合い – les relations à poil. En somme, les bains communs sont un espace de remise à zéro où on se dévêtit de notre identité, ou plus techniquement, de notre avatar. Nous voici présentés les uns aux autres, avec aucun indice de ce que pourrait être notre quotidien, notre travail, notre revenu, nos goûts ou nos passions. Et permettez-moi d’insister, il n’y a pas de plus belles rencontres que de s’accoster dans un lieu de détente où nous vivons le bonheur d’être redevenu « personne ».

Enfin tenté ? Allons-y alors ! Notez que les Onsens (bains thermaux) vous fournissent souvent le nécessaire, mais lorsqu’il s’agit de Sentos (bains publiques), la mise à disposition des produits de toilettes et linges n’est pas systématique. Je vous propose en somme de vous informer au préalable et de vous munir du nécessaire. Au pire, ils peuvent vous fournir le tout contre un supplément à l’admission. Après paiement, vous vous retrouverez dans un espace similaire à des vestiaires de piscine en Europe. Si vous êtes soudainement inquiets pour vos valeurs, pas de panique ! Les casiers sont munis d’une clef que vous pouvez emporter avec vous dans la salle d’eau. Si vous visitez des thermes à une heure où la fréquentation est basse, vous pouvez tout simplement vous inspirer des étapes listées au-dessus. S’il y a du monde (souvent entre 18h et 21h pour les sentos), je vous recommande de porter une attention particulière à ces critères supplémentaires ci-dessous :

  • Evitez le récipient (furooke) pour vous submerger. Celui-ci a tendance à faire gicler l’eau et peut déranger votre voisin. Prenez en revanche un petit linge avec vous, et faîtes le tremper afin de l’essorer sur vos épaules.
  • Il est déjà mentionné plus haut qu’il faut s’attacher les cheveux dans le bain s’ils sont longs. En effet, les cheveux sont considérés comme une partie malpropre de notre corps. Et de toute manière, il serait assez déroutant de se baigner dans les restes capillaires d’autrui n’est-ce pas ? Cette règle ne concerne pas la pilosité pour autant.
  • Ne pas se frotter fortement ou gratter votre peau dans la baignoire commune. Même raison que pour les cheveux : auriez-vous envie d’être submergé dans les peaux mortes d’un inconnu ? Pour faire simple, ne laissez pas de déchets corporels qui mettraient quiconque mal à l’aise.
  • Même si tous les participants portent une attention particulière à garder l’eau le plus propre possible, je préfère m’asperger d’eau une dernière fois avant de sortir définitivement dans le but de me débarrasser de tout indésirable.

– Ne surtout PAS visiter des bains communs si :

  • Vous êtes atteints d’une maladie de peau contagieuse. Ou toute autre maladie pouvant être transmis à autrui. Si vous avez aussi une blessure conséquente en pleine cicatrisation qui pourrait se rouvrir, passez votre tour momentanément.
  • Vous êtes ivres ou intoxiqués. La haute température de ces lieux accélèrera votre flux sanguin et les effets de certaines consommations peuvent dangereusement vous monter à la tête.
  • Vous venez de manger. Il n’est pas recommandé de se baigner dans une eau si chaude tout de suite après un repas. Un estomac rempli et la chaleur peuvent provoquer des nausées, vomissements ou autre trouble digestif. Patientez 30 à 60 minutes après avoir mangé.

Je pense avoir tout dit pour que vous puissiez prendre votre courage à deux mains et tenter cette expérience particulièrement locale. Et en mémorisant ces listes au préalable, vous ne devriez avoir aucun problème. Dans les adresses populaires visitées aussi par des étrangers, vous apercevrez sûrement des recommandations en anglais. Bien qu’on dise « À Rome, fais comme les romains », il s’agît tout de même d’un lieu où nous sommes nus et vulnérables. Donc je vous recommanderai de faire une petite révision afin de ne pas trop fixer la petite mamie toute nue pour vérifier la marche à suivre. Et surtout, que ce soit avant ou pendant, détendez-vous !

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Expérimenter les bains japonais avec un tatouage:

 

Qui l’aurait cru ! Il est enfin venu ce grand jour où je peux fermer le clapet à ma mère qui m’a menacé de me déshériter à chaque tatouage que je me suis fait faire. Hormis ce chantage qu’elle m’imposait à chaque fois, elle a particulièrement insisté avec mon premier dessin comme quoi je ne pourrai plus aller dans les Onsens (Bains thermaux). Mais malgré mon acte regrettable du point de vue de celle qui m’a mise au monde, ma débrouillardise me permet aujourd’hui de rédiger cet article, dont j’espère, viendra en aide à ceux qui n’ont pas résisté à la tentation de passer chez un tatoueur. Et tant qu’on y est, ma petite maman pensera peut-être que mes rebellions peuvent aussi apporter du bon.   

Mais pourquoi ce tabou autour du tatouage ? Il est bien connu que les personnes de culture nippone ont une tendance à garder leurs opinions pour soi et suivre la meute. Le tatouage va tout d’abord à l’encontre des mœurs où la peau n’est pas considérée comme un support permettant d’exprimer ses penchants. De plus, on dira souvent à un tatoué « Mais pourquoi as-tu fait cela au corps que tes parents t’ont donné ? ». Cette question définit bien cette mentalité où même notre enveloppe charnelle appartient finalement à une troupe. En toute évidence, il y a aussi les personnes étant allées plus loin en délaissant certains codes japonais pour en adopter d’autres. Je parle bien évidemment des organisations criminelles et de leurs très fameux Yakuzas arborant des tatouages bien emblématiques.

A l’heure actuelle, même le Japon très conservateur commence à faire une distinction entre les différents types de tatouages. D’un côté, nous avons le Irezumi qui sont les dessins traditionnels marquant souvent le baptême d’un nouvel adhérent dans « l’univers de l’ombre ». Et de l’autre, le Fashion tattoo qui est le tatouage accessoire adopté principalement par les jeunes générations. Même si le dernier semble anodin, nombreux Japonais le voient encore comme une dérive. C’est pourquoi la majeure partie des lieux où nous devons nous dévêtir comme les bains ou les piscines interdisent strictement l’admission des personnes étant passées sous l’aiguille.

Aux yeux d’un tenancier, quel est le risque réel de laisser entrer un tatoué dans leur établissement ? Encore une réponse très groupiste : Une crainte que les autres clients soient mal à l’aise face à des personnes ayant un corps montrant une mentalité différente de la ligne de conduite usuelle. D’ailleurs, certaines adresses tolèrent les visiteurs ayant des petits fashion-tattoos à condition qu’ils mettent des patchs par-dessus. Ce dernier aux teintes coquille d’œuf comme un pansement m’a bizarrement fait interroger sur plusieurs problématiques. Premièrement, cela n’empêche pas un voisin de baignoire de capter vite qu’un tatouage se cache sous l’adhésif. Deuxièmement, j’ai demandé curieusement à l’accueil s’ils ont d’autres couleurs dans le cas où un client aux teintes plus foncées leur rendrait visite. Comme les personnes originaires du continent africain ou de l’Asie du Sud pour ne citer que quelques exemples. La réponse était non, et ils peuvent aussi se coller ce bout de tissu qui contraste comiquement plus qu’un tatouage. Suis-je la seule à penser que ce patch amène finalement plus de contradictions que de solutions ? 

Avant de semer la confusion, je me permets d’affirmer que je ne me sens pas du tout révoltée face à ces thermes qui s’opposent sévèrement aux personnes tatouées. Quand j’ai adopté mon premier tatouage à 21 ans, je savais très bien à quoi m’attendre et il serait très déplacé de ma part de faire un scandale quand on me refuse à l’entrée. Les rares fois où je n’ai pas pu m’informer sur la permissivité d’une adresse et que j’ai dû faire face à un panneau « NO tattoos », j’ai simplement rebroussé mon chemin. Il y a juste eu cette fois où je me suis montrée plus insistante en demandant au personnel si l’interdiction couvre les Irezumis ET les fashions tattoos. On m’a répondu « Oui les deux ne sont pas admis ! Mais on n’a pas grand monde dans les bains pour femmes, alors vas-y seulement. Mais fais-toi discrète ! ». Il s’en est suivi un moment de détente particulier où je longeais les murs pour cacher le côté de mon corps où mes tatouages furent les plus visibles.   

Il semble assez clair que visiter le Japon et ses bains en étant tatoué se résume un peu à un jeu de roulette. Cependant, en s’armant des bonnes informations, il est entièrement possible de plonger dans cette facette du pays.  Et voici une petite liste pouvant vous éclaircir dans cette découverte :

Les Japonais sont plus tolérants envers les étrangers tatoués :

Bien que je n’apprécie pas particulièrement aborder le bon côté des tendances séparatistes, celui-ci reste tout de même un avantage pour ce sujet. Cette ségrégation que subissent les personnes tatouées est comme un linge salle dont certains ne préfèrent pas mêlés les non-japonais. En conclusion, il arrive que des bains thermaux placardent une affiche où il est écrit que l’établissement refusent les tatouages, sauf pour les étrangers. Bien que cela puisse dépendre de la politique de l’établissement en question, j’ajouterai tout de même que la permission pourrait ne pas inclure les métissés. Avec les traits variables que mon ethnicité puisse offrir, cette exclusion peut sembler indiscrète. Néanmoins, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un délit de faciès en tant que tel, mais plutôt d’un rappel comme quoi notre profil n’a aucune excuse pour ne pas savoir que le tatouage puisse déranger. Je l’ai su à mon insu en voyant une pancarte de la sorte à un onsen et en souhaitant confirmer l’information à la caisse. On m’a simplement répondu « Nous sommes navrés, malgré votre bagage suisse, vous êtes beaucoup trop japonaise pour qu’on vous compte comme étrangère ». Une petite anecdote qui m’a rappelé à la dure qu’on ne peut pas toujours avoir le meilleur des deux mondes. A nouveau, j’ai remercié le responsable pour son temps et je suis repartie sans me mettre en colère. En soit, je le savais très bien que mes tatouages ne seront pas appréciés partout.    

Visiter une zone réputée pour ses Onsens (bains thermaux) ? Appelez les auberges avant ! : 

Il serait long d’énumérer les territoires fameux pour leurs bains tant ils sont nombreux au Japon. Et pourquoi ne pas se permettre une petite nuitée en dehors des grandes villes afin de se détendre en région montagneuse ? Aussitôt que vous avez choisi une destination avec plusieurs auberges incluant un Onsen, contactez-les pour en trouver une qui tolère les tatouages. Si on vous répond négativement, passez simplement au prochain sur votre liste. Pour revenir à mon précédent point concernant les étrangers, évitez peut-être de demander de l’aide à votre ami japonais que ce soit pour leur téléphoner ou leur écrire. Car la réponse pourrait être bien différente face à un interlocuteur semblant local ou de voyage. Et il s’agit ici d’une rare situation où il vaudrait peut-être mieux garder ses connaissances en japonais pour soi.

Les Sentos (bains publiques) acceptent les tatouages :

Même s’ils sont moins pittoresques que les onsens situés en campagne, les Sentos permettent tout de même une expérience enrichissante. Situés un peu partout dans les zones résidentielles, ces bains ne font absolument pas la distinction entre les personnes tatouées ou non. Pour clarifier, un onsen est un lieu de détente où l’aubergiste fera très attention à ce que ses clients puissent se détendre sans être intrigués par un visiteur tatoué. En ce qui s’agît du sento, c’est un lieu dont les habitués y vont pour se laver. Et l’acte de pouvoir rester dignement propre est évidemment un droit qui ne peut être enlevé à personne. Tatouage ou pas*.

*Il pourrait y avoir quelques exceptions. Mais tant qu’il s’agît de fashion-tattoos, il ne devrait pas y avoir de problèmes. Du moins, pour en avoir visité une bonne vingtaine, j’ai toujours pu y entrer sans soucis.  

Tenzan, un petit Oasis à environ deux heures de Tokyo :

Une belle expérience que je n’oublierai sûrement jamais ! Situé à Hakone, célèbre pour ses sources et sa vue magnifique sur le Mont-Fuji, Tenzan est mon premier Onsen qui accepte ouvertement les personnes tatouées à condition qu’ils soient seuls. Cette précision est sûrement là pour éviter que des membres d’organisations criminelles s’y amassent. Ce lieu faisant preuve de tolérance n’est cependant pas une auberge, et il s’agit plutôt d’un SPA que vous pouvez visiter durant la journée jusqu’au soir. En somme, même si vous n’avez pas pu accéder aux bains de votre Ryokan (auberge traditionnelle) à cause d’un malentendu, ce havre vous accueillera sans préjugés dans ses multiples bains extérieurs et intérieurs puisant leur eau depuis une source locale. Et surtout, n’hésitez pas à passer par le restaurant qui proposent des mets succulents !  

Informations :

Adresse :   208 Yumotochaya, Hakone, Ashigarashimo District, Kanagawa 250-0312

Horaires : Tous les jours de 9h à 23h

Admission : Adulte/1100 JPY Enfant/650JPY

Site internet en japonais

*L’établissement pouvant modifier leurs informations ou conditions à tout moment, je vous prie de vérifier au préalable si des changements ont eu lieu avant de vous y déplacer.