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Le Japon avec un bébé: Entre joie et adaptation

Je me dois de préciser que deux petites semaines passées au Japon avec Loulou ne me suffisent pas à être une experte en la matière. Mais la forte demande face à ce sujet m’a poussée à tenter cette rédaction malgré tout. En somme, il me faut insister qu’il ne s’agît que de mon expérience personnelle, et j’invite les gens les plus précautionneux à accueillir cet article comme un complément, en parallèle de recherches plus approfondies. 

Un autre point qui m’a fait hésiter, c’est la différence entre les bébés et leurs besoins qui changent massivement selon leurs caps, et qui peut varier l’adaptabilité de cet article. Pour ma part, Loulou avait 13 mois durant le voyage, et j’ai eu la chance de pouvoir compter sur Fanny qui est devenue la maman de Minny quelques semaines avant que je ne devienne moi-même mère. En plus de présenter d’excellentes activités sur les réseaux sociaux pour les parents-enfants, elle a eu la gentillesse de me rassurer plus directement sur certaines interrogations. Je la remercie donc du fond du cœur de m’avoir partagé tant d’informations précieuses.

Sans plus attendre, voici ci-dessous, les points m’ayant semblé être les plus marquants, suivis de mon ressenti de ce premier voyage en tant que mère. Et pour découvrir les bons plans de Fanny, c’est ici! :

 

Les tables à langer ne manquent pas:

 

Avant mon départ, Fanny m’a très justement conseillé de télécharger l’application mamapapamap pour smartphone. Entièrement gratuite, elle permet de localiser les tables à langer ainsi que les salles d’allaitement. N’étant pas une mère allaitante comme mon amie, je n’ai eu de l’intérêt que pour les tables à langer. Et celles-ci étant loin de manquer, je n’ai finalement ouvert cette application que rarement. Dès le deuxième jour après mon arrivée, je m’aventurais déjà avec cette conviction de pouvoir en trouver facilement dans les grands magasins et gares avoisinants. 

Si vous peinez à en trouver un malgré tout, il vous suffira d’ouvrir l’application mentionnée plus haut. Et vous serez surpris de voir une carte avec un champ d’icônes vous signalant de nombreuses adresses comme des cafés ou restaurants aux alentours. Il peut arriver qu’elles soient accessibles aux femmes seules, mais de mon expérience personnelle, seul 5%-10% d’entre elles étaient concernés par cette séparation obsolète. En résumé, mon mari ne s’est senti que rarement exclu d’une table à langer située dans des WC pour femmes. 

Et serait-ce vous-même, maman ou papa, qui avez besoin d’aller au petit coin ? Sans stress ! Nombreux WC sont équipés d’un petit siège où vous pouvez sécuriser votre bambin le temps que vous fassiez ce que vous avez à faire. Et si votre enfant est fixé dans sa poussette, les cabines pour les personnes à mobilité réduite sont assez spacieuses pour prendre la poussette avec, et très disponibles. D’ailleurs, il est fort probable que vous y trouviez encore une table à langer. 

 

Les baby-rooms suréquipés : 

 

Une vraie oasis pour toute figure parentale ! Se situant dans de nombreux grand magasin, ou autre lieu conséquent de passage, il s’agît d’un endroit multifonctionnel où on pourrait littéralement vivre avec bébé dedans.

Avant tout, on y trouvera un espace intime séparé où on peut tranquillement donner son sein à bébé. Cette partie-là est souvent interdite aux hommes, en raison de l’approche plus pudique des femmes japonaises vis à vis de l’allaitement. Est-ce que ces baby-rooms ne conviennent pas aux pères ou aux mères non-allaitantes pour autant ? Bien au contraire ! Les mieux aménagées proposent des canapés pour se reposer ou donner le biberon. Et parlant de ce dernier, on y trouve un distributeur d’eau à la température parfaite pour concocter la formule. Et si votre bébé boude son lait et préfère le solide, un micro-onde y est probablement à votre disposition. Et tant que vous y êtes, profitez-en pour changer la couche de bébé car on y trouve sans faute, et encore, une table à langer.

 

Désert alimentaire pour bébé:

 

Même si cette sur-disponibilité des tables à langer et toilettes pour les parents m’ont fait apprécier mon pays d’origine, un élément allait me créer un manque de ma Suisse natale:  la rareté des produits pour bébés. Quand je me promène avec Loulou à Genève et me rends compte que j’ai oublié de prendre sa purée avec moi, il me suffit de foncer dans n’importe quel supermarché pour en trouver. Au Japon, vous n’aurez pas ce luxe. 

Normalement, on est censé pouvoir trouver des produits pour bébés dans les supermarchés et drugstores. Néanmoins, une grande partie des succursales n’en proposent pas dans leurs gammes. Pour résumer, il me suffit de vous raconter cette journée où je visitais un de mes fournisseurs dans le quartier de Nakano à Tokyo. Il n’y avait plus de couches dans le sac de Loulou, et il m’aura fallu visiter cinq drugstores et deux supermarchés pour lui en trouver. Ironie du sort, dans le cinquième drugstore où j’ai enfin déniché la perle rare, je suis tombée sur les couches pour le troisième âge en premier. C’était sûrement ma plus grande prise de conscience vis à vis du vieillissement de la population qui sévit dans le pays. 

Cette expérience m’a réconforté dans mon choix de voyager à un âge où Loulou avait terminé la diversification alimentaire. Il existe bel et bien des pots et produits pour les bébés, mais comme il n’est pas garanti que nous puissions en trouver quand besoin, nous lui partagions principalement nos plats peu sucrés, ou, peu salés. Suite en passant, Loulou a énormément apprécié les onigiris au saumon du konbini.

Pour cette raison, je recommanderais à tout parent voyageant au Japon de repérer un magasin proposant une sélection pour bébé à proximité de l’hôtel avant une quelconque excursion. Dans notre cas, nous avions un Nishimatsuya, chaîne spécialisée dans les produits pour enfants, à 10 minutes de notre hôtel à Asakusa. J’en profite pour dire que cette boutique vaut le détour pour les familles, mais aussi pour ramener des souvenirs aux proches ayant des enfants en bas-âge !

En ce qui s’agit de l’eau pour la formule : Cela peut dépendre de la région, mais il faut partir du principe que l’eau direct du robinet n’est pas adaptée pour les petits ventres. Heureusement, les hôtels ont usuellement une bouilloire à disposition. Concernant l’eau minérale, la variété presque trop large dans les grandes surfaces peut porter à confusion. Heureusement, il existe des marques spécialement conçues pour les bébés. Mais à nouveau, il faudra juste trouver un magasin qui en vend. 

 

Les taxis sont exemptés de sièges-bébé/enfants :

 

Pour ce point pouvant fortement diviser entre confort et sécurité, je me dois de souligner que je me défais de toute responsabilité et laisse tout parent peser le pour et le contre. Pour ma part, ayant fait toute ma parentalité en territoire helvétique où le siège-enfant est obligatoire sans exception, c’est avec une certaine malaisance que je suis montée dans un taxi avec Loulou sur mes genoux. Au fur et à mesure des excursions, entre le choix de m’étaler au bord d’un chemin par épuisement ou rentrer directement, j’ai finalement opté plus souvent pour ce moyen de transport que je ne l’avais imaginé.

Bien sûr, en sélectionnant l’option « accessible en chaise roulante » sur Google maps, on pouvait découvrir les itinéraires évitant les embûches non-adaptés aux poussettes. Y compris les accès aux trains dans les gares qui sont majoritairement équipés pour les personnes à mobilité réduite. Malgré tout, durant les heures de pointe et fatigue en fin de journée, j’ai sincèrement apprécié pouvoir attraper un taxi. Malgré l’aspect légal, il m’arrivait naturellement de fusiller le conducteur du regard de manière injuste pour m’assurer qu’il faisait bien attention à la route. En conclusion, je dirais que je comprends les risques de monter dans une voiture sans siège-enfants, mais on comprend aussi les dangers de la sur-fatigue quand nous sommes accompagnés d’un être plus fragile que soi. Du coup, je me répète, mais je laisse aux parents de faire le choix entre les risques et la commodité.

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Mon ressenti: 

 

“C’était super !” est ma première réponse quand on me demande comment s’est passé ma première épopée au Japon avec ma fille. Nous sommes nombreux à multiplier les voyages vers ce pays qui offre tant à découvrir, et redécouvrir. Et je dois dire que, même si je retourne souvent aux mêmes destinations à cause de mon travail rythmé par mes fournisseurs, je n’ai jamais autant redécouvert que ce dernier voyage.

Il y a la découverte de nouveaux magasins comme Nishimatsuya dans lequel j’ai failli investir dans tous les produits pour tous les âges à venir de Loulou. Ou sinon, des enseignes que j’aime encore plus comme Muji ou Uniqlo, dont je porte une attention plus particulière aux collections pour les plus petits. Mais encore, des chaînes de restaurants où j’ai lâché un “Que c’est mimi !” en repérant les plats pour enfants. En résumé, c’était un itinéraire de routine empli de belles surprises. De plus, d’autres éléments auxquels je ne faisais pas attention auparavant me sautaient aux yeux. Que ce soient des petits parcs sur les sentiers battus, ou des musées kids-friendly que je n’aurais pas songé à visiter, je repérais plein d’idée qui me font me réjouir de ramener Loulou quand elle sera plus un peu plus grande. 

En revanche, ce serait mentir que de dire que toute l’excursion n’était qu’embellie par des nouveautés. Et il n’était pas tout le temps facile de prendre conscience que je devrais momentanément faire un trait sur certaines activités que j’appréciais avant ma grossesse. Des instants mélancoliques face à des lieux peu enclins à accueillir des enfants, et qui me rappelaient une spontanéité perdue. Comme la porte d’un Izakaya (bar) qui libère une odeur alléchante mais qui semblait soudainement trop lourde pour notre poussette. Ou encore cette promenade à Shibuya, durant laquelle j’ai cru apercevoir l’ombre de la femme plus excentrique que j’étais, et qui ne rentrait qu’au petit matin après une soirée déjantée.

Mais est-ce que cette mélancolie à l’aura de jeunesse perdue a rendu le voyage solennel pour autant ? Loin de là ! Malgré la réputation très renfermée des Japonais, sachez qu’il n’y a plus de distance quand on se promène avec un bébé. Grâce à Loulou, j’ai pu faire des rencontres inoubliables avec plein de monde conquis par son exotisme. Je pense à ces salarymans dans le train discutant entre eux et qui disent “T’as vu le bébé Gaijin ? Tellement adorable !”, ou une jeune femme dans un magasin qui lâche un “Oh non! Tellement kawaii!!!”, ou des mémères murmurant un “Ara-ara” en tendant directement les bras vers les petites joues de ma fille. Des instants touchants avec des personnes ravies de savoir que Loulou avait du sang japonais quand j’éclaircissais ses origines. On dit souvent dans le langage local « les Bébés sont les trésors du pays », et ça se ressent. Je dirais même qu’ils sont un bien collectif à force de « Je peux la prendre dans mes bras s’il vous plaît ? ». Suite en passant, une dame à qui j’ai donné la permission de porter ma fille, m’a même dit “C’est la génération des quotas (quarter) maintenant !”. Une phrase qui rassure encore la mère Hafu (half) que je suis, et qui me convainc que Loulou, malgré ses origines amoindries, appartient bien à un des profils de l’ethnicité japonaise. 

Cependant, il ne faut pas partir du principe que le bébé est accepté partout à tout va. Quand Loulou avait ses humeurs, elle était bien évidemment tolérée dans les transports ou espaces publiques, et j’ai même été réconfortée par la bonne volonté de nombreux passants qui lui ont faits des petites grimaces pour l’aider à se calmer. Néanmoins, des lieux considérés comme adaptés aux enfants m’ont semblés moins bienveillants à certaines heures. Le souvenir le plus parlant serait ce dîner dans un Saizeria (Chaîne de restauration à l’italienne) quand ma fille était fatiguée et affamée. Même s’il s’agit d’un family-restaurant, je m’en souviens avoir eu le cœur lourd entre les hurlements de ma fille qui refusait son repas, et les soupires des salarysmans et office-ladys des tables avoisinantes. Ce restaurant ayant la particularité d’offrir des verres de vin peu chers importés d’Europe, j’avais comme le sentiment d’avoir gâché l’instant de détente de travailleurs exténués cherchant l’ivresse à bas prix. Une expérience pesante, qui allait renchérir le nombre de fois où nous avons finalement opté pour des plats au konbini, ou à l’emporter pour le dîner. 

Finalement, nombreux parents s’accorderaient à dire que l’arrivée d’un enfant est une aventure avec son grand lot de bonheurs, mais aussi de petites concessions. Un voyage au Japon n’y fait pas exception. Bien que tout ne soit pas rose, l’effort en vaut largement la peine. Mes dernières excursions au Japon, que ce soit celui-ci accompagné de Loulou, ou en 2022 quand j’étais enceinte, ont été comme une étendue parallèle de mon expérience périnatale genevoise. Différentes culturellement et linguistiquement, mais qui se résumeraient avec des sentiments internationaux, comme la réjouissance, le doute, et l’adaptation, qui sont finalement similaires.