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Le kimono aujourd’hui

Terme de plus en plus usuel dans la langue française, le « Kimono » évoque aujourd’hui une robe longue qu’on referme avec une ceinture. Tellement standardisé que même les grands magasins l’ont comme référence pour présenter des vestes longues qui font la tendance des mi-saisons. Cependant, si on décortique les idéogrammes, le vrai sens étymologique du mot « Kimono-着物 » est en fait «Chose pour habiller». Une traduction qui semble soudainement contraster avec le charme de ce vêtement caractérisé par ses couleurs vives et sa longueur élégante. Se faire complimenter en soirée par un « Mais elle est magnifique ta chose pour habiller ! » nous toucherait certainement, mais pas pour les bonnes raisons.

Avant de continuer, aussitôt que j’ai voulu rédiger un article sur le kimono, j’ai percuté que le sujet est trop vaste pour l’expliquer en une seule fois. Entre son évolution avec les époques, les variantes qui existent, le symbolisme autour de son habillement… Bref, même les tissus qui composent ce vêtement mériteraient un blog à eux tous seuls !  C’est pourquoi je préfère me limiter à une simple introduction qui explique brièvement la place du kimono dans les habitudes vestimentaires contemporaines. Mais je me réjouis d’ores et déjà de revenir sur ce thème dans un avenir proche!

Donc, vous connaissez dorénavant la traduction littérale de « kimono-chose pour habiller ». Mais si on suit une certaine logique, est-ce que cela veut dire que les pantalons, les chemises ou les mini-jupes sont aussi des kimonos ?  Et bien pas du tout ! Ils vont dans la catégorie du « Youfuku – 洋服 » qui regroupent les habits occidentaux. Ces derniers ont été adoptés par les japonais durant le 19ème siècle au détriment des vêtements traditionnels qui deviendront de moins en moins populaire. Au jour d’aujourd’hui, la manière de s’habiller au pays du soleil levant n’est finalement pas si différente de ce que l’on peut voir en Europe.

Fort heureusement, les japonais sont encore profondément attachés au kimono et il existe plusieurs évènements pour s’en vêtir. Le plus emblématique serait sûrement le seijinshiki (成人式) où les jeunes célèbrent leur passage à l’âge adulte. La plupart des garçons optent pour le costume avec cravate, mais la majorité des femmes et certains hommes opteront pour un look traditionnel. Pour les plus petits, il y a la fête du Shichigosan (七五三) où les enfants de trois, cinq et sept ans sont drapés pour une visite au temple. Parlant de ce dernier, il est aussi très courant pour tous les âges d’aller faire la première prière de l’année (初詣)  en s’habillant d’un kimono. Si une soirée de gala en dehors des coutumes locales le permet, il serait sage de miser sur un ensemble traditionnel adapté car il est considéré comme l’une des tenues les plus habillées.

Malgré cela, les occasions au cours de l’année où le japonais moyen sort son kimono du tiroir se compteraient sur les doigts d’une main. Mais cela ne l’empêche pas pour autant de l’apprécier au quotidien. Dans un restaurant un peu haut-de-gamme, ce sera peut-être la tenancière avec sa tenue la plus formelle qui l’accueillera. S’il a un faible pour le domaine des arts comme la danse pour n’en citer qu’un, il  regardera avec admiration des ensembles particulièrement splendides. En se promenant dans un quartier historique, il ralentira peut-être le pas en apercevant une Geisha entrain de presser le pas. Ceux qui ont vécu des moments comme ceux-là le confirmeront, le temps semble s’arrêter quand un kimono surgit dans notre champ de vision. C’est magique, tout simplement.

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Petite anecdote: 

On sera rassurés de savoir que de nombreuses structures encouragent les gens à s’habiller en kimono en proposant des taux préférentiels pour ceux qui en portent. Durant une soirée à Kyôto, j’ai justement vécu un mémorable trajet en taxi grâce à cela. Après avoir visité un de mes fournisseurs en kimonos à une heure tardive, je n’avais d’autre choix que de rejoindre des amis en traînant un sac rempli avec mes dernières trouvailles. Pour mon plus grand plaisir, ils m’ont proposé d’aller visiter le temple Fushimi-Inari de nuit. Aussitôt que nous avons attrapé un taxi et sommes montés dedans, mes amis tentèrent de négocier un rabais.  Le chauffeur rétorqua que la remise n’est octroyée qu’aux personnes portant une tenue traditionnelle. En entendant cela, je commençai à sortir mes kimonos de mon sac en hurlant jovialement que j’ai de quoi habiller tout le taxi! Le conducteur arbora un sourire dont je ne saurais dire s’il était rassuré ou abattu, et appuya sur un bouton. La remise valait 180 yen (1fr50), donc finalement pas grand-chose. Mais en repliant tant bien que mal mes kimonos sur le siège arrière, je regardais fièrement le  -10%  sur le compteur en me persuadant que cette victoire n’avait pas de prix.